Le projet de troisième ligne de métro doit mieux prendre en compte l'environnement
Ce matin en Conseil municipal, je me suis exprimé pour demander que la défense de l'environnement soit mieux intégrée dans le projet de troisième ligne de métro. Voici mon intervention.
Monsieur le Maire, monsieur l’adjoint, chers collègues,
Vous soumettez aujourd’hui au vote du conseil municipal l’évaluation environnementale conjointe des projets de la 3e ligne de métro, dite « Toulouse Aerospace Express », et de prolongement de la ligne B du métro jusqu’à l’Institut National Polytechnique de Toulouse, INPT. Ce document constituera l’une des pièces intégrées à l’enquête publique de la TAE et de la connexion ligne B, prévue pour l’été 2019.
Je veux avant tout vous dire ma grande inquiétude quant à la tenue de cette enquête publique en Juin – Juillet de cette année. Je crains, en effet, qu’une telle date ne vienne obérer la participation du public au moment de débat pourtant essentiel que constituera cette enquête. Si je n’y vois aucune malice de votre part, je crains par contre que ce calendrier ne découle de la manière fort peu rigoureuse avec laquelle ce dossier a été piloté par votre majorité depuis désormais 5 années. Autant vous dire que lorsque l’on constate qu’il vous aura fallu 5 années pour produire – péniblement – une étude amont et un dossier d’enquête publique, la mise en service annoncée en 2025 de la 3e ligne de métro ne convainc absolument personne.
Mais je veux revenir au sujet qui nous occupe aujourd’hui, avec cette évaluation environnementale. L’enquête publique sera l’occasion d’exprimer beaucoup plus finement nos avis sur le dossier complet, je me concentrerai donc sur 3 points essentiels :
1. La question du report modal de la voiture vers les transports en communs, et singulièrement vers le métro.
Le projet soumis à enquête publique s’appuie sur la construction de 2800 places de parking relais nouvelles sur les 28km de ligne. Sur la commune de Toulouse, ce sont seulement 800 nouvelles places de parking qui sont bâties.
A titre de comparaison :
• la ligne A longue de 12,5km possède 3750 places
• la ligne B longue de 15,7km possède 2520 places
Lorsque l’on sait l’extrême saturation de ces parkings, que vous soldez d’ailleurs aux promoteurs au travers de Dessine-moi Toulouse en dépit du bon sens, on s’étonne de la faible programmation de parkings, pour une ligne pourtant régulièrement au contact des voies rapides. Je crains que la 3e ligne n’offre dès lors pas de solution alternative à la voiture pour tous ceux qui viennent de loin, et sont aujourd’hui amenés à poursuivre leur trajet en voiture jusqu’au cœur de Toulouse. Ce qui m’amène à mon second point
2. La question de la qualité de l’air que respirent les Toulousains au quotidien.
Le dossier annonce une amélioration de la qualité de l’air… par rapport à une situation sans projet ! Donc, traduisons par rapport à la situation de la métropole en 2025 si aucun projet de transport n’avait été porté. Cette comparaison est peut-être règlementaire, mais elle est ridicule. Ce qui doit nous préoccuper, c’est la capacité du projet à absorber une quantité suffisante de déplacements en voiture pour faire baisser la pollution atmosphérique, et améliorer la qualité de l’air par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui, et qui n’est plus acceptable.
L’enquête évoque le fait que la troisième ligne permettra d’absorber l’équivalent de production de Gaz à effet de serre de 10 500 personnes par an c’est page 67 mais page 65 est confirmé le fait que nous accueillerons chaque année 12 000 personnes par an preuve s’il en est, que la question de l’amélioration de la qualité de l’air devra passer par une pluralité d’action résolument plus ambitieuse que celles que vous déployez aujourd’hui.
Et puisqu’il est question de qualité de notre environnement de vie, j’en arrive à mon dernier point.
3. La question de la nature en ville
Vous avez fait de cette question un axe de communication essentiel pour ce début d’année 2019. On aurait dès lors souhaité que le dossier d’évaluation environnementale du projet phare de votre équipe illustre cette prise de conscience autour des enjeux environnementaux. Malheureusement il n’en est rien. Vous savez l’émotion qu’a suscitée la perspective d’abattage des platanes des allées François Verdier. Mais que croyez-vous qu’il adviendra lorsque les Toulousains apprendront que ce sont en réalité 2700 arbres, tout de même, qui seront abattus pour réaliser ce chantier ? Vous annoncez des mesures compensatoires, 5500 arbres plantés. Qui ici pourrait sérieusement penser que 5500 arbustes plantés en 2025 auront le même impact sur la qualité de l’air, sur les ilots de chaleur, sur l’ombrage des espaces publics, que 2700 arbres anciens, parfois centenaires ? Et je ne parle même pas ici de la dégradation de zones humides qu’engendrera le projet, avec l’impact que l’on sait sur la biodiversité pourtant déjà tellement fragilisée dans nos milieux urbains.
Les aménagements paysagers et les replantations représentent un investissement de 1,1 million d’euros sur un projet estimé aujourd’hui à 2,7 milliards, 0,04% donc pour la végétalisation de la ville vous conviendrez avec moi que cela ne ressemble pas vraiment à une priorité politique.
Vous comprendrez aisément, au regard des éléments que j’ai pu énoncer, que nous nous prononcions contre cette évaluation environnementale, qui ne fait à notre sens pas la démonstration d’une prise en compte suffisante et satisfaisante des enjeux environnementaux par le projet.
Romain Cujives
Conseiller municipal de Toulouse
Conseiller communautaire de Toulouse métropole