Troisième ligne de métro : opacité sur la méthode et doutes sur la capacité de financement
En ce qui concerne la troisième ligne de métro, je veux rappeler les deux exigences qui sont les miennes.
La première de ces exigences, c’est de ne pas remettre en cause les fondements de cette nouvelle ligne, bien qu’il ne s’agisse pas d’un projet que nous avons initié.
Ce principe, je veux l’assumer en opposition au comportement de nombre de responsables politiques toulousains qui ont, ces dernières années, souvent remis en cause les projets de transports portés par leurs prédécesseurs. Métro, tramway, téléphérique, tous ces projets ont connu des coups d’arrêt, faisant au passage perdre de précieuses années aux habitants de la métropole.
La seconde exigence, c’est de ne pas rester spectateur de l’élaboration de cette 3e ligne de métro. Le rôle des élus de l’assemblée métropolitaine, majorité comme opposition, c’est de débattre. L’objectif est de rendre ce projet tout à la fois plus utile aux Toulousains, plus rentable pour la collectivité, et plus finançable par Tisséo qu’il ne l’est aujourd’hui.
Beaucoup a déjà été dit au sujet la soutenabilité financière de ce projet de métro, je veux rappeler simplement mon souhait que cesse le poker menteur entre élus, et que s’installe un débat sincère, exigeant et serein avec les habitants de la métropole. Il n’est pas raisonnable de dissimuler à nos concitoyens des informations cruciales à la bonne compréhension des enjeux du projet.
La question principale, nous la connaissons tous : combien ça coûte. Ou plus précisément combien ça NOUS coûte. C’est un sujet essentiel, singulièrement dans la période de fortes tensions sociales que nous traversons. La deuxième question concerne bien l’opacité de ce projet.
C’est sur cette opacité et son corolaire, l’exigence de transparence que je souhaite insister.
Il y a quelques jours, nous apprenions au travers du rapport de la Chambre Régionale des Comptes que le plan de financement de la 3e ligne de métro reposait, entre autres, sur une forte progression des recettes tarifaires de Tisséo. Il est question, dans ce rapport, d’une augmentation d’environ 3% par an, largement plus que l’inflation donc. Cette augmentation se traduira, pour les habitants de notre métropole, par un alourdissement de la facture de mobilité d’environ 40% entre aujourd’hui et 2030.
Il s’agit là d’une « désincitation massive » à l’utilisation des transports en commun. La complète information des usagers sur cette part de la stratégie de financement de la 3e ligne de métro me semble relever de l’évidence et pourtant je peine à en trouver clairement trace dans les déclarations de la majorité municipale.
Par ailleurs, le coût public de 3e ligne de métro me semble encore, à ce stade, sous-évalué. J’ai en effet noté qu’aucun réaménagement d’espaces publics un tant soit peu significatif autour des futures stations n’était programmé à l’heure actuelle. Il s’agit pourtant, à l’évidence, d’une des composantes du coût du projet, qu’il est raisonnable d’estimer enter 150 et 300 M€ selon l’ambition portée. Alors même que le financement de la 3e ligne est encore incertain, je crois essentiel que soit présenté l’équation globale aux habitants de la métropole car la véritable est question est de savoir si tout cela sera finançable sans nouvelle augmentation d’impôts !
Je milite donc pour un débat serein, transparent et abouti autour de ce projet de 3e ligne de métro. Or, il se trouve que la question du coût de la 3e ligne de métro, et des conditions de financement de sa construction baignent dans un flou scientifiquement entretenu par Tisséo et la métropole. Nous retrouvons ici l’enfumage en règle qui a prévalu jusqu’à récemment sur la date de mise en service de cette 3e ligne, puisque la majorité de Jean-Luc Moudenc annonçait encore récemment un objectif de 2025 totalement fantaisiste. Notre responsabilité d’élus, c’est de tout dire aux Toulousains : l’opportunité que représente cette 3e ligne de métro, mais aussi ce qu’elle nous coûtera réellement, ce qu’elle modifiera de la physionomie de nos quartiers, et à quel moment elle sera enfin mise en service.
C’est en tout cas ce que je ferai valoir à l’occasion du grand débat que représentera l’enquête publique de la 3e ligne de métro.
Romain Cujives
Conseiller municipal de Toulouse
Conseiller communautaire de Toulouse métropole
