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CONSEILLER MUNICIPAL DE TOULOUSE ET CONSEILLER COMMUNAUTAIRE DE TOULOUSE MÉTROPOLE

Interview par "L'Opinion Indépendante"

Romain Cujives : «Le contrat moral avec les Toulousains a été déchiré»
Conseiller municipal d’opposition (PS), Romain Cujives vient de lancer un blog participatif sur la politique toulousaine. Entretien.

 

Comment est venue l’idée de créer ce blog, et pourquoi le faire maintenant ?
À la suite de notre défaite électorale, j’estimais qu’une forme de discrétion s’imposait pour faire acte d’humilité vis- à-vis des Toulousains. Les 18 mois qui se sont écoulés depuis les municipales nous ont permis de comprendre les raisons de notre échec. Ce temps était nécessaire car je crois que l’on ne peut pas être à la fois dans un moment d’analyse des raisons de la défaite et dans un moment de propositions et de projets. L’idée de ce blog a germé au fil de discussions, mais aussi parce que les citadins nous interpellent de plus en plus sur la politique menée par Jean-Luc Moudenc. De fait, ce blog est le porte-voix de celles et ceux qui n’ont pas accès au chapitre. Ils peuvent y formuler des idées, des contre- propositions pour dire à la majorité qu’ils ne partagent pas leurs choix. Il est ouvert à tous ceux qui s’intéressent à la ville de Toulouse. Régulièrement, il y aura aussi des thématiques qui seront mises en sondage auprès des internautes pour interroger les Toulousains sur certains sujets.


Vous dites avoir compris les raisons de la défaite de la liste de Pierre Cohen. Quelles sont-elles ?
Déjà, le contexte national a fortement pesé. Nous concernant, il y a eu une mauvaise compréhension de notre part de ce qui était acceptable par les Toulousains en termes de travaux, d’impulsions de politiques nouvelles. On a voulu aller trop vite dans le domaine urbanistique par exemple. Le temps politique et le quotidien des citoyens ne sont pas toujours en symbiose. Il y a eu aussi un manque de lisibilité de notre politique et de notre programme. Nous étions trop dans la prospective et pas assez dans le concret. Les citoyens ont besoin de savoir comment, au quotidien, le travail d’un élu peut améliorer leur vie. Et nous n’avons pas assez pris en compte cet élément.


Ce blog est un lieu de critiques et de remises en question de la politique menée par Jean-Luc Moudenc. Quels sentiments vous inspire-t-elle ?

J’ai l’impression que Jean-Luc Moudenc a déchiré le contrat
moral qu’il avait passé avec les Toulousains. L’augmentation des
impôts locaux et des tarifs municipaux a été une véritable trahison par rapport aux engagements de campagne. A cela s’ajoutent les promesses en forme de «miroir aux alouettes». Alors que les Toulousains sont tous bloqués dans les embouteillages, le maire leur répond que la 3e ligne de métro sortira de terre au plus tôt dans15ans. Or il y a une urgence en la matière et des réponses concrètes et immédiates qui ne sont pas apportées. Sur la sécurité, Jean- Luc Moudenc avait donné l’impression que son élection allait régler tous les problèmes. Or les faits divers et les drames se multiplient, ce en quoi le maire n’est évidemment pas responsable. Mais les problèmes de délinquance et d’insécurité ne sont pas du seul ressort de la politique municipale. L’État doit également assurer ses missions. Quant à la suite, nous avons des inquiétudes sur la possible remise en cause du tarif jeune de Tisséo (10 euros par mois pour les – de 26 ans) ainsi que de la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans.


Est-ce pour vous une façon d’émerger comme figure montante de l’opposition ? Par ailleurs, ne craignez-vous pas que ce blog fasse double emploi avec celui d’un autre conseiller de votre groupe : François Briançon ?
Ce blog est au service général de l’opposition municipale mais il a aussi vocation à porter ma propre voix. Dans l’opposition, il y a des convergences mais aussi des singularités. Je suis par exemple très sensible aux enjeux de sécurité parce que je fais partie d’une génération qui a vécu 2002 et l’élimination de Lionel Jospin qui, entre autres, n’avait pas voulu regarder en face la montée de l’insécurité. Typiquement, cette position-là peut faire partie des singularités qui animent l’opposition. Quant à François Briançon, c’est une voix importante de l’opposition. Et plus il y aura de voix pour porter la contradiction à Jean-Luc Moudenc, mieux nous nous porterons.


La création de ce blog signifie-t-elle que la réflexion et la préparation au- tour des futures municipales (2020) ont d’ores et déjà commencé ?
L’échéance est dans les têtes mais d’un point de vue général. Dire qu’en 2020 nous devrons porter une voix nouvelle et que je souhaite y prendre toute ma part, c’est une évidence. Pour préparer cette échéance nous devons dès aujourd’hui aller chercher auprès des Toulousains des idées nouvelles, porter les nôtres à leur connaissance pour voir si elles trou- vent un écho. Pour l’instant, les Toulousains n’ont que faire de savoir qui portera les couleurs du PS aux prochaines municipales. Ce qu’ils ont envie de savoir c’est comment, en attendant, on résiste aux attaques contre le pouvoir d’achat, comment on résiste à l’endormissement de la ville, et comment l’opposition peut être utile.


Journal « l’opinion indépendante ». http://www.lopinion.com
Propos recueillis par Nicolas Coulaud.
Photographie Benoit Gibert.