Gestion de l’eau au privé : Jean-Luc Moudenc vient de commettre une erreur historique

Le Président de la Métropole Jean-Luc MOUDENC vient d’annoncer que la gestion de l’eau sur le territoire de notre métropole continuerait d’être confiée à une entreprise privée.
Ceci constitue une faute politique et morale majeure. Mon opposition farouche et historique à cette délégation au privé est confortée par les annonces du président de la métropole. Il convient, pour décrypter sa prise de position, de rappeler un certain nombre d’éléments majeurs.
1. Il fallait un grand débat public.
En soutien à la position des associations j’ai réclamé à plusieurs reprises qu’un grand débat public sur l’eau soit organisé. Ainsi que je le rappelle régulièrement sur nombre de domaines, le temps où les décisions ne se prenaient que dans les salons du Capitole est aujourd’hui révolu. Les citoyens veulent et ont raison être davantage consultés, écoutés et entendus.
Les solutions existaient et elles étaient nombreuses : un débat public dans chaque commune de métropole ou encore un référendum citoyen. Les solutions étaient sur la table et Jean-Luc Moudenc a préféré se contenter d’un simulacre de débat à deux jours de sa prise de position finale, sans faire la publicité nécessaire pour assurer une visibilité importante à cet événement.
2. La comparaison des modes de gestion ne semble pas s’être déroulé de façon équitable.
Défendant sa position, Jean-Luc Moudenc indique avoir fait mener une étude comparant la gestion par le public et la gestion par le privé de l’eau et de l’assainissement de la métropole. Malheureusement, des doutes sérieux quant à la sincérité de cette comparaison doivent d’ores et déjà être relevés. Pour ne donner qu’un exemple, la comparaison s’est faite par le biais de deux régies différentes : une pour l’eau et une autre pour l’assainissement. En agissant ainsi, le président de la métropole s’est privé d’une analyse objective qui aurait dû comparer également la création d’une régie unique de l’eau et de l’assainissement. Grâce à une telle régie, nous pouvions générer des économies d’échelle importantes rendant de facto la solution publique encore plus compétitive face à la solution privée.
3. Une reprise en main publique permettait une baisse du prix pour 91% des habitants de la métropole.
Ainsi que l’indique l’étude rendue publique par Jean-Luc Moudenc lui-même, la reprise en main par le public de la gestion de l’eau permettait une baisse du tarif de l’eau pour 91 % des habitants de la métropole alors que l’augmentation restait minime pour les 9 % non concernés par cette diminution.
Cette étude confirme par ailleurs qu’une régie de l’eau été réaliste, efficace et parfaitement réalisable.
4. La question était en fait éminemment philosophique.
Un choix politique concernant l’essentiel, l’eau, ce bien commun de l’humanité indispensable à la vie ne saurait se traiter comme n’importe quel autre sujet. Je suis convaincu que tout ne peut et que tout ne doit pas être confié au privé. Quelle est donc la prochaine étape ? La privatisation de nos écoles ? De nos crèches ? De l’air que l’on respire ? Si je ne suis pas systématiquement opposé à toute délégation de service public, j’estime qu’il est des domaines pour lesquels ces délégations doivent être écartées. L’objectif d’entreprises privées est fort naturellement de faire des bénéfices et non de préserver l’environnement ou la santé des consommateurs.
À l’heure où nombre de grandes villes comme Montpellier ou Nice, par-delà tout débat partisan, font le choix de reprendre en main la gestion de l’eau sur leur territoire, à l’heure où tant de citoyens sont inquiets à juste titre pour leur santé, Jean-Luc Moudenc fait le choix de s’enfermer dans une logique partisane. Il s’agit d’une erreur historique dont chacun saura s’en souvenir.
Romain Cujives.
Conseiller municipal de Toulouse
Conseiller communautaire de Toulouse métropole
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