Mettre Toulouse au rythme des Toulousains

La ville est d’abord un lieu, un espace. Elle est donc le plus souvent appréhendée à travers le prisme de l'aménagement urbain, domaine dans lequel j'ai déjà formulé plusieurs propositions. Nous devons néamoins impérativement garder à l’esprit que cet espace doit prioritairement être pensé en vue d’améliorer le cadre et le confort de vie des habitants.
Il doit répondre à leurs besoins et à leurs aspirations mais aussi s’adapter à leurs contraintes.
Parmi ces contraintes, le temps constitue une donnée essentielle de la vie des citoyens.
Concilier vie familiale et activité professionnelle, articuler temps de loisirs et temps de démarches administratives, anticiper les temps de déplacements en fonction des horaires des transports en commun ou de l’engorgement des routes : tel est le quotidien de nombre d’entre nous.
Les évolutions culturelles et sociétales comme l’allongement de la durée de la vie, les mutations du monde du travail (développement des horaires différenciés, télétravail,...), la mobilité croissante des individus ou encore la diversification des modèles familiaux ont conduit à une transformation et une individualisation des rythmes de vie. Les pouvoirs publics ont le devoir d'en tenir compte s'ils souhaitent améliorer profondément le quotidien des citoyens.
A Toulouse pourtant, les politiques publiques locales méconnaissent encore cette donnée temporelle. Nous avons pris beaucoup de retard en la matière par rapport à d’autres métropoles françaises comme Paris, Rennes ou encore Lille qui en ont fait un axe de réflexion transversal à la décision publique, notamment grâce à la mise en place d'un bureau des temps.
L'un des enjeux majeurs de la politique des temps est l’accessibilité des services publics municipaux comme les crèches, les services administratifs, les installations sportives ou encore les bibliothèques.
L'objectif est de pouvoir mieux répondre à la demande et aux besoins des usagers par l'adaptation des horaires d'ouverture et le développement de services innovants (guichets uniques, outils numériques,...), dans le respect des conditions de travail des agents publics.
Mais pour être véritablement efficace, la politique des temps doit aller beaucoup plus loin et prendre en considération la question des temps individuels (loisirs, famille…) et collectifs (travail, déplacements…) afin de mieux les intégrer dans la définition des politiques publiques (culture, sport, mobilité, urbanisme…).
Dans le domaine des déplacements notamment, il est possible d'impulser de véritables stratégies de coopération avec les autres collectivités mais aussi avec les entreprises du territoire. A Toulouse, de grandes entreprises générant un flux considérable de salariés ont mis en place un plan de déplacement.
Une véritable stratégie de concertation et de coopération qui serait initiée par la Municipalité sur ce sujet permettrait de gagner en efficacité et d'élaborer une politique des transports innovante reposant sur différents leviers pour décongestionner les routes et lisser les heures de fortes affluences dans les transports en commun.
A Rennes par exemple, ville étudiante comme Toulouse, le "bureau des temps" a permis d'optimiser le temps des étudiants et des travailleurs : les étudiants commencent désormais les cours quinze minutes plus tard, ce qui a permis de désengorger considérablement le métro rennais.
J’appelle ainsi de mes voeux la création d’un bureau des temps de la ville de Toulouse qui pourra travailler en transversalité avec les autres acteurs du territoire. Je souhaite qu’il établisse rapidement un diagnostic général afin d’identifier l’ensemble des domaines où la prise en considération des temps pourrait améliorer le quotidien des Toulousains avant de formuler des propositions concrètes pour une Ville plus fluide et plus en adéquation avec le mode de vie de ses habitants.
Romain Cujives
Conseiller municipal de Toulouse
Conseiller communautaire de Toulouse métropole
Retrouvez ici mon intervention en Conseil municipal concernant les transports en commun