Mécénat : les premiers pas de la Ville de Toulouse dans une démarche qui nécessite des garde-fous.
Lors du Conseil municipal du 18 mars dernier, le Conseil municipal a approuvé le lancement d’une démarche de mécénat qui vise à mobiliser le soutien des entreprises et des citoyens pour la réalisation des projets patrimoniaux de la Ville comme la restauration des bâtiments historiques.
Première étape de cette initiative, la délibération prévoit un partenariat avec la Fondation du patrimoine pour lancer des appels aux dons en faveur de trois opérations qualifiées de prioritaires dans ce domaine : le relevage du grand orgue de Saint-Sernin, la restauration de l'église de la Daurade et celle de l'église du Taur.
À l'instar de Toulouse, le mécénat nourrit aujourd'hui la réflexion de plusieurs collectivités locales dans un contexte de baisse des dotations de l’État qui obère leur capacité à porter seules des projets publics d'envergure et les conduit, dans certains cas, à repenser le montage financier de ces projets sous peine d’immobilisme.
C’est donc une nouvelle approche qui fait son chemin et qui est déjà à l’oeuvre dans des villes comme Reims, Rouen ou Paris qui ont choisi de créer une mission de mécénat pérenne recouvrant des interventions dans le domaine de la culture, du patrimoine, mais aussi de l’environnement.
La démarche est à première vue séduisante : réponse à un besoin réel de nouvelles sources de financement, elle permet encore de tisser des liens entre collectivités publiques, entreprises et citoyens, tous unis autour de projets d'intérêt général décisifs pour le rayonnement et l'attractivité du territoire.
Je veux pourtant rappeler ici que le recours au mécénat appelle une certaine vigilance et ne saurait être érigé en nouvelle doctrine. Un cadre strict doit toujours entourer cette pratique dont la dérive la plus évidente serait la mainmise de certaines entreprises sur les politiques culturelles grâce à leur puissance financière. Les fonds publics doivent donc rester prépondérants, en particulier dans le domaine culturel, comme gage de qualité et de diversité.
La démarche doit encore s’accompagner d’un souci de transparence dans l’utilisation des deniers et reposer sur des besoins définis par la seule puissance publique en cohérence avec les missions, les valeurs et l’éthique du service public.
Sous ces réserves fondamentales, car matricielles en ce domaine, cette nouvelle source de financement pourrait permettre une implication et une participation active des acteurs du territoire aux projets d’intérêt général tout en démontrant que l’innovation en matière de recherche de financements ne passe pas toujours par l'augmentation des impôts du contribuable.
Romain Cujives
Conseiller municipal de Toulouse
Conseiller communautaire de Toulouse Métropole